Retour sur le Colloque AHSS 2025
- Nathalie Thibault
- 5 juin
- 10 min de lecture
Dernière mise à jour : 7 juin
Le 28 mai 2025, fraîchement arrivée au Colloque AHSS 2025
Au centre des congrès de Trois-Rivières, le stationnement est facilement accessible, les locaux sont beaux, modernes et agréables. Les exposants sont prêts. Les kiosques sont tous montés et les représentants prêts.
Deux gros écrans dans la salle qui est plutôt chic. Sur les écrans, défilent les logos de chacun des exposants. Yé, j’y vois ValkarTech sur l’écran. Une première pour ValkarTech à ce colloque. On vient y présenter nos solutions technologiques qui facilitent la gestion de l’entretien sanitaire, déjà bien implantées dans plusieurs immeubles, de même que nos nombreuses formations offertes sous plusieurs formules, en présentiel, en zoom et 100% en ligne, certaines offertes par CHHA, de la variété et de la qualité au rendez-vous. Le défi ? Nous faire connaître davantage !
Un colloque c’est l’occasion d’en apprendre davantage sur les nouveaux produits, les nouvelles technologies et rencontrer les gens. Et c'est parti pour deux journées consécutives garnies de conférences auxquelles j'ai bien hâte d'assister!

J’ai appris de mon colloque AHSS 2025…
Évidemment, je n’ai pas assisté à toutes les conférences mais presque toutes ! Voici un résumé de ce que j’y ai appris version ‘’reportage’’.
La première conférence phare du colloque a été présentée par Fanny Élément de Réseau d'Annie RH. Très pertinente pour tout gestionnaire, Madame Élément, très à l’aise sur la scène, nous a parlé de gestion et de leadership.
Dans un monde de travail en quête de sens, d’efficacité et de collaboration, le rôle du gestionnaire ne se résume plus à superviser. Un gestionnaire doit incarner un leadership relationnel : celui qui conjugue autorité, crédibilité et proximité. C’est ce que nous rappelle avec brio Fanny Élément dans sa conférence.
Développer son équipe dans l’action
Un bon leader, c’est d’abord une personne rassembleuse, présente, à l’écoute, empathique, mais aussi claire dans sa vision. Ce n’est pas tant celui qui fait tout, que celui qui rend son équipe meilleure que lui. Le leadership ne repose plus uniquement sur l’expertise technique, mais bien sur l’intelligence relationnelle. Elle identifie trois piliers clés :
Autorité : avoir le courage d’intervenir et de nommer les enjeux.
Crédibilité : cohérence entre ce qu’on dit et ce qu’on fait.
Proximité : capacité à adapter son style à chaque personnalité.
Lorsque ces piliers sont fragiles, des dynamiques toxiques émergent : dépendance à un leader informel, communication déficiente, évitement des conflits, compétition interne ou micro-gestion. Pour prévenir ces pièges, il faut créer un climat propice à la sécurité psychologique : droit à l’erreur, reconnaissance, transparence, écoute active.
Le gestionnaire d’aujourd’hui est aussi un coach. Il ne contrôle pas tout, il fait confiance. Il inspire en étant intègre, cohérent et disponible, même dans l’incertitude. Il pose des questions puissantes et personnalisées : Comment aimes-tu recevoir du feedback ? De quelle reconnaissance as-tu besoin ?
Un outil central : le feedback, à donner avec délicatesse. Fanny propose la méthode POISE :
Pourquoi, Observations, Impact, Solutions, Engagement
Et, elle rappelle une règle d’or : cinq feedbacks positifs pour chaque point d’amélioration. Car la reconnaissance bien dosée nourrit l’engagement. Qu’il s’agisse de souligner un effort, une pratique ou un résultat, chaque mot compte. Elle nous a également parlé de courage managérial…un sujet très délicat, mais qu’il fallait aborder.
En somme, cette conférence nous donne l’élan de revoir nos pratiques et d’oser un leadership humain, centré sur l’évolution de l’équipe. Nous aurions pu en dire plus dans cette chronique, nous en aurions pris plus de Mme Élément ! Une phrase que je retiendrai longtemps de cette conférence : « Soyons exemplaires, mais pas parfaits. »
Les EPC : plus qu’une résistance, un défi environnemental pour la PCI et le département d’hygiène et salubrité
Présentée par le Dr Olivier Haeck, médecin en prévention et contrôle des infections (PCI), cette conférence offre un regard terrain sur les entérobactéries productrices de carbapénémase (EPC), agents redoutables de résistance antibiotique. Dr Haeck combine vision clinique et réalité opérationnelle.
Les EPC : portrait microbiologique
Les EPC, comme Citrobacter freundii KPC, sont des entérobactéries résistantes aux carbapénèmes, une classe d’antibiotiques dite « de dernier recours ». Identifiées depuis 2001, elles se transmettent principalement par voie fécale-orale, surtout en milieu de soins. Malgré leur faible virulence, elles peuvent causer des infections graves chez les patients vulnérables (toutes parties du corps). Bonne nouvelle : elles ne résistent pas aux désinfectants standards.
Étude de cas : CISSS de Laval
Entre 2017 et 2018, une flambée de porteurs – et un cas infecté – à la Cité de la santé a déclenché une vaste enquête environnementale. Cultures positives dans la tuyauterie, présence de biofilm, absence de directives claires : l’équipe PCI a dû revenir aux bases, en mettant l’accent sur :
L’hygiène des mains
La gestion des excrétas
Les précautions additionnelles
Stratégies et innovations
Plusieurs essais ont été menés et ils ont finalement trouvé un produit qui a pu maintenir l’intégrité des tuyaux et inactivé et évacués ces bactéries résistantes après plusieurs traitements : ‘’on a fini par en venir à bout!’’ Mais l’enjeu dépasse la chimie, il touche à l’architecture hospitalière (lavabos non conformes, trop-pleins mal placés, absence de retour d’eau, veilles douchettes, etc.), à la gestion des excrétas, aux taux d’occupation élevés, et à la gouvernance des antimicrobiens.
En conclusion
Les EPC illustrent un défi multifactoriel. Il ne suffit pas de prôner l’hygiène des mains : il faut reconsidérer l’environnement de soins dans son ensemble, jusqu’aux plus petits détails. Alors, pour les nombreuses bactéries résistantes à venir, nous devrons revoir notre façon de réfléchir à la prévention. Merci Dr Haeck de nous avoir tenu en alerte avec vos diapositives de chatons et une chose que je vais me rappeler que vous avez dites qui m’a personnellement interpellée ; que les machines à eau et à glace restent étroitement sous votre surveillance !
Sur la piste invisible du C. difficile : lumière sur une innovation
Dans le cadre d’une présentation de Marc Toupin, directeur de compte pour le secteur santé chez Diversey, nous avons été introduits à une avancée technologique intrigante : LIV Process Light. Il s’agit d’un système de visualisation microbiologique inédit, destiné à traquer une menace invisible et redoutée dans le milieu hospitalier : C. difficile.
Un fléau discret, mais bien réel
Avec 38 000 cas déclarés chaque année au Canada, le C. difficile est un pathogène à déclaration obligatoire. Transmis principalement par les excréments, il forme des spores extrêmement résistantes à l’environnement. Invisibles à l’œil nu, elles persistent sur les surfaces, survivant parfois aux protocoles de désinfection standard.
LIV Process Light : voir l’invisible
Développé pour les milieux de soins, LIV Process Light se présente comme le premier produit au monde permettant de visualiser directement la présence de spores de C. difficile sur les surfaces. Le principe est simple mais puissant : un biomarqueur fluorescent, appliqué par vaporisation sur les points de contact critiques (poignées, abattants, barrières de lit, etc.), s’illumine sous lumière UV spéciale si des spores de C. difficile sont présentes – qu’elles soient actives ou non.
Ce système n’est pas un désinfectant : c’est un outil de détection et d’audit. La signalisation demeure visible jusqu’à 90 minutes, ce qui permet aux équipes de valider l’efficacité des pratiques de nettoyage.
Un pas vers une PCI proactive
LIV Process Light s’inscrit dans une nouvelle génération d’outils proactifs : non pas pour désinfecter à la place des humains, mais pour rendre visible l’invisible, responsabiliser les équipes, et surtout mieux cibler les efforts de désinfection. En somme, un nouvel allié dans la lutte contre les infections nosocomiales, là où l’œil humain est aveugle, mais où le risque est bien réel.
Après la conférence, je suis allée poser des questions, (dose de détection, prix, etc.) et les spécialistes m’ont très bien renseigné. J’ai hâte de voir comment les hôpitaux intégrerons cette nouvelle information dans leur programme de désinfection exceptionnelle.
Salubrité durable - efficience et excellence
Lors de sa présentation, Gaétan Lanthier de Lalema a plaidé pour une approche intégrée et durable de l’entretien sanitaire, fondée sur l’efficience organisationnelle, la valeur humaine et l’innovation technologique. Optimiser les routes de travail, choisir des équipements durables et limiter les déplacements sont des leviers concrets pour réduire les pertes de temps et les risques. En hygiène hospitalière, l’intégration de capteurs intelligents et de plateformes de formation continue permet de mieux contrôler l’usage des produits et de maintenir les compétences du personnel. L’application rigoureuse du cycle PDCA (Planifier-Déployer-Contrôler-Ajuster), illustrée par la gestion structurée d’un grand ménage, renforce la qualité des interventions et la pérennité des efforts. Il nous a laissé sur trois gestes simples à réaliser pour amorcer cette transition vers l’excellence : réviser les routes de travail, réaliser un mini-audit qualité, et déployer un module de formation ciblé.
Nous pensons également chez ValkarTech que l’efficience organisationnelle et la formation continue est une valeur ajoutée essentielle.
PCI et hygiène : un duo gagnant dans les partenariats privés conventionnés
Dans une présentation aussi dynamique que rafraîchissante, Alain Leblanc et Anne-Marie Carreau-Boudreau ont brillamment démontré que la prévention et le contrôle des infections (PCI) et l’hygiène-salubrité (HS) doivent travailler main dans la main, pas particulièrement dans les milieux issus de partenariats privés conventionnés, mais dans tous les établissements de soins de santé. L’un n’allant pas sans l’autre !
À travers un quiz interactif rythmé où chaque seconde comptait, les participants ont été amenés à réfléchir rapidement aux éléments clés d’une bonne prévention des infections.
Les deux intervenants ont réussi à démystifier la collaboration PCI-HS avec humour et clarté, tout en soulignant l’importance de l'alignement des pratiques, peu importe le statut juridique de l’établissement. Une présentation qui prouve que rigueur et légèreté peuvent coexister pour renforcer la culture de prévention. À quand un colloque PCI-HS ?
Hygiène et salubrité au Québec : vers une cohésion provinciale structurée
Sous la coordination de Marc Beauchemin (Santé Québec) et Bruno Dubreuil (CISSS Laval), le Groupe de travail en hygiène et salubrité joue un rôle central dans l’harmonisation des pratiques en milieu de soins. Né à la suite de la crise du C.difficile en 2003 et inspiré notamment par le rapport Aucoin, ce groupe vise à améliorer l’efficacité, la qualité et la durabilité des interventions en hygiène-salubrité (HS) dans l’ensemble du réseau québécois.
Parmi les retombées concrètes :
Le Guide des recommandations visant à réduire l’impact environnemental (MSSS, 2023) 👉 Consulter le guide
Les procédures standardisées de nettoyage COVID-19 (quotidien et terminal) 👉 Consulter le document
Un guide de devis de services est également en préparation. Il contiendra les profils de tâches, les fiches techniques, et des modèles pour définir les responsabilités des services HS, comblant un vide d'encadrement historique dans plusieurs établissements. Cette initiative a d’ailleurs contribué à une hausse des subventions en hygiène et salubrité.
Des audits pour objectiver la qualité
Le groupe mise aussi sur des indicateurs de qualité pour standardiser l’évaluation des milieux et beaucoup de statistiques sont maintenant amassées nous permettant de voir les forces et faiblesses des organisations HS.
Les points faibles relevés concernent notamment :
Le nombre insuffisant de personnel
L’absence fréquente de consultation du responsable HS lors de l’achat de matériaux
Un manque de systèmes automatisés pour le suivi en temps réel des mouvements de patients
Ce travail collectif amorce un changement de culture en hygiène et salubrité, misant sur l’évaluation structurée, la normalisation provinciale et la reconnaissance du rôle stratégique de la salubrité dans la prévention des infections.
Nouvelle mouture de la norme CSA Z317.12 : un levier à redécouvrir en hygiène et salubrité
Présentée par Marc Beauchemin, Bruno Dubreuil et Anne-Marie Martel, la mise à jour de la norme CSA Z317.12 jette un éclairage essentiel sur les meilleures pratiques de nettoyage et de désinfection dans les établissements de soins. Élaborée par l’Association canadienne de normalisation (CSA) — un organisme indépendant et sans but lucratif accrédité par le Conseil canadien des normes — cette norme volontaire s’appuie sur des recommandations rigoureuses fondées sur l’état actuel des connaissances.
Pourquoi s’y intéresser ?
Parce qu’elle structure ce que nous savons faire sur le terrain, en apportant des balises claires sur :
La fréquence et les méthodes de désinfection (article 4)
Les exigences de formation, d’entraînement et de suivi pour les équipes HS (article 11)
Les critères de sélection des désinfectants : DIN, spectre large, sécurité, temps de contact court
Les bonnes techniques : aller du moins vers le plus souillé, du haut vers le bas, changer de linge entre les chambres, éviter de retremper, et proscrire la pulvérisation
La norme intègre également les technologies complémentaires (UV, vapeur, ATP), qui peuvent être utilisées en parallèle pour renforcer les actions humaines, sans les remplacer.
Une approche souple mais rigoureuse
La norme distingue trois niveaux d’engagement :
Doit : exigences incontournables
Devrait : recommandations fortes
Pourrait : options à considérer
Elle rappelle aussi une règle trop souvent oubliée : un désinfectant ne doit jamais être appliqué sur une surface sale. Le nettoyage précède toujours la désinfection.
Et la norme CSA Z8000 ?
Complémentaire, la norme CSA Z8000-2024 traite de l’environnement bâti (architecture des établissements de soins), avec un accent sur la salubrité intégrée dès la conception des lieux.
En bref : Consulter la norme CSA Z317.12, c’est outiller son équipe, structurer ses pratiques et professionnaliser l’approche HS. Un excellent point de départ pour toute révision de procédures ou projets de formation.
Gérer le changement en période de compressions : entre clarté, mobilisation et résilience
Lors de la présentation de BUNZL, la gestion du changement organisationnel en contexte de compressions budgétaires a été illustrée de manière éloquente par Stephan Lamoureux à l’aide d’un exercice de lancés de balles de ping-pong : lorsqu’on connaît les règles et les rôles, tout coule ; mais quand le jeu devient chaotique, la performance s’effondre et les balles tombent toutes au sol ! Une belle métaphore de ce qui se passe dans nos organisations lorsqu’on affronte des coupures sans stratégie claire.
Pour naviguer ces périodes difficiles, plusieurs étapes structurantes sont proposées :
Analyse d’impact budgétaire : identifier précisément les services, équipements ou postes touchés.
Cartographie des risques : surcharge, baisse de qualité, tensions.
Communication transparente : expliquer les raisons des compressions, annoncer clairement les changements.
Mobilisation collective : consultations avec les syndicats, création de comités de transition, forums de discussion.
Planification stratégique : prioriser les tâches essentielles, réaffecter les ressources intelligemment.
Mise en œuvre progressive : projets pilotes, ajustements selon les retours du terrain, suivi quotidien.
Soutien humain : reconnaissance, gestion du stress, services psychologiques.
Enfin, le succès repose sur une mobilisation collective, plus que sur la seule motivation individuelle. La documentation des ajustements, leur intégration dans les formations continues et la valorisation des réussites permettent de transformer la crise en levier d’apprentissage organisationnel.
Bref, ce fut un colloque très rafraîchissant avec de la nouveauté mais aussi de la constance. Toujours se référer aux guides déjà en place !
Yorumlar